Toulouse. Les mesures proposées par les restaurateurs pour sauver "l'art de vivre à la française" | Toulouse La Ville Rose | Scoop.it

Les restaurateurs toulousains proposent des solutions pour la sauvegarde de leurs commerces.

 

Alors qu'ils vont rouvrir la semaine prochaine, les restaurateurs de Toulouse se mobilisent mercredi 27 mai 2020, pour dénoncer la situation dans laquelle ils se trouvent.

 

Pour la première fois, la totalité des représentants du secteur de l’hôtellerie et de la restauration prennent collectivement la parole et interpellent les pouvoirs publics et les acteurs économiques pour soutenir les milliers de professionnels sévèrement touchés par la fermeture de leurs établissements. Des actions symboliques vont être menées, comme à Toulouse.

Ils « rendent le tablier »

Au niveau local, Fabien Jeanjean, patron du restaurant Les Pieds sous la table et président du Groupement national des indépendants Occitanie, est le porte-parole du mouvement. Il explique ce qui est prévu :

» Avec le hashtag #Atable, les restaurateurs sont invités à prendre des photos de leur tabliers, vestes de cuisines et toques posés au sol ou suspendues. Nous préférons avoir ce genre d’action symbolique, pour éviter les rassemblements ».

Les restaurateurs veulent se montrer, pour faire passer un message : « L’art de vivre à la française est en danger, et plusieurs acteurs doivent prendre leurs responsabilités, pour éviter cela : l’État, les grands acteurs économiques nationaux, les collectivités locales, et les bailleurs.

Ce qu’ils demandent à l’État

Le collectif demande pour toutes les entreprises du secteur quelles que soient leurs tailles :

Une suspension de paiement des charges sociales au moins jusqu’au 31 décembre 2020 avec un maintien du régime de chômage partiel Covid-19 au moins jusqu’au 31 mars 2021, et au-delà si les mesures de distanciation sociales sont maintenues.

Fabien Jeanjean avoue que « l’État a déjà fait beaucoup », mais qu’il reste encore « de nombreuses inconnues » :

Le protocole sanitaire n’a pas encore été clairement défini, alors que nous allons ouvrir la semaine prochaine. Si la distanciation à 4m2 est conservée, la majorité des restaurants ne pourront accueillir que 25% de leur clientèle. Cela veut dire perdre de l’argent tous les jours, donc autant rester fermé. Le Gouvernement nous écoute sur ce point, mais il semble que le blocage soit au niveau de la direction générale de la santé, et de la direction générale du travail.

Il rappelle que beaucoup de professionnels « n’ont pas pu bénéficier des prêts de 1500€ accordés par l’État. Car les banques pouvaient les refuser ».

 

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Ce qu’ils demandent aux grands acteurs économiques nationaux

Les grands acteurs économiques nationaux, assureurs, grands opérateurs de l’énergie et de la téléphonie sont appelés à :

Prendre part à l’effort en faisant fonctionner les mécanismes de solidarité nationale pour indemniser les pertes d’exploitation et réduire les charges courantes des professionnels.

Fabien Jeanjean précise que « la grande majorité des assureurs n’ont pas joué le jeu« , et que ceux qui l’ont fait « devraient avoir beaucoup de nouveaux clients dans les mois à venir ».

Ce qu’ils demandent aux collectivités locales

Les collectivités locales sont quant à elles invitées à :

Renoncer cette année aux taxes de voiries, de terrasses et d’enseignes, pour permettre aux établissements d’augmenter provisoirement leurs emprises sur la voie publique et répondre aux mesures de distanciation sociale tout en préservant leur capacité d’accueil.

Sur ce point, Fabien Jeanjean « salue la mairie de Toulouse, qui a compris le problème« . Il ajoute qu' »augmenter les terrasses ne veut pas dire organiser des ferias dans Toulouse, mais conserver le nombre de places assises« .

 

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Pour le président du GNI Occitanie, cette mesure ne sauvera pas tout le monde :

Au niveau national, d’après les remontées que l’on a, 16 ou 17% des restaurants vont fermer leurs portes. Dans les zones touristiques, on espère que les établissements réaliseront un bel été, mais il faut penser aux autres. Prenons l’exemple d’une brasserie avec 30 places sans terrasse, en temps normal, elle aura moins personnes l’été, et si à la rentrée nous avons toujours des problèmes, elle fermera. Si les bonnes mesures ne sont pas prises, entre 30 et 40% des restaurants ne survivront pas.

Ce qu’ils demandent aux bailleurs

La profession souhaite obtenir :

L’annulation des loyers sur la période de fermeture des établissements ainsi que leur corrélation à l’activité économique réelle tant que les obligations sanitaires restreindront leurs activités.

Pour Fabien Jeanjean, « il y a eu beaucoup de fantasmes autour des aides reçues par les restaurateurs ». Il signale que « Les chefs d’entreprise ont continué à payer de nombreuses charges, alors qu’ils n’ont absolument rien gagné pendant trois mois ».

 

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« Préserver l’art de vivre à la française »

Le restaurateur toulousain souligne que « cette journée du 27 mai doit aussi faire comprendre à l’opinion publique, que l’art de vivre à la française est en danger » :

En tant que chefs d’entreprise nous pensons à nos vies, mais pas seulement. Quand on se lance dans ce métier, c’est par passion. On pense à nos clients, et on sait qu’ils pensent à nous. Si demain, on perd énormément de restaurants ou de bars, les grandes villes, comme les villages, vont paraître très tristes.

 

Par : Maxime Noix